La plupart des rénovations se déroulent dans de vieilles bâtisses construitent en pierre du pays. Le plus souvent ces pierres étaient hourdies à la terre et enduit d’un torchis à la chaux.
Mais, pour refaire l’enduit ou succomber à la belle mode des pierres apparentes, il s’avère souvent nécessaire de "dés-enduire" le mur pour le mettre à nu. Cette opération s’appelle "piquer le mur", et les images des outils utilisés permettront d’expliquer pourquoi un vocabulaire aussi "pointu" est utilisé.
L’outillage de base nécessaire est le suivant :
un burin
un maillet
des bras bien costauds
Pour débuter le piquage, positionner à hauteur de poitrine (c’est plus une question de confort qu’autre chose) la pointe du burin sur le mur. La pointe doit être inclinée de 55-60° (plus proche du mur que de la perpendiculaire). Il faut ensuite lever le maillet et donner un bon coup sec sur le burin (en évitant de se taper sur les mains !).
Une série de coups secs permet de creuser un premier trou dans l’enduit et de descendre jusqu’à la pierre.
Il est très facile de distinguer les coups sur l’enduit de ceux sur la pierre : dans le premier cas, les coups sont "mous" et la pointe du burin s’enfonce ; dans le second cas, le bruit change et devient "sec", tandis que les vibrations remontent dans les murs et que le burin est bloqué dans sa progression. Aucune peur n’est à avoir quant au risque de casser la pierre. Cette dernière est bien plus dure que l’enduit et les coups normaux portés sur le burin ne risquent même pas de l’entailler.
Une fois la pierre atteinte, il convient alors de creuser autour afin de faire ressortir la pierre et dégager celles qui l’entournent.
Petit trou deviendra grand, et le travail de piquage avance sans qu’on s’en rende réellement compte (en dehors des douleurs dans les bras, plus liées au poids du maillet que de la force des coups nécessaires). Réaliser un tour de la tête d’une tête se fait en quelques minutes, sans effort violent. Les premiers coups sont des tatonnements, mais l’expérience vient vite et quelques minutes suffisent pour trouver les bons angles d’attaques et repérer où creuser entre les pierres.
Il conviendra de déterminer la profondeur de taille, selon le type de travail à effectuer (enduit, jointoyement à pierres vues, jointoyements à fleur de pierre, ...).
A titre d’information, pour décroutter les pierres à la profondeur présentée sur ces photos, il faut environ compter 1 à 2 m²/h. Le burin utilisé marque la différence, et il ne faut surtout pas hésiter à en acheter plusieurs (les lots sont avantageux en prix, revenant à 2€ par burin), ayant eu personnellement l’expérience de doubler la vitesse de piquage avec un burin dont la pointe était légèrement plus épaisse. De même, un burin a tête plate est parfait pour enlever la première couche d’enduit (il faut 5mn pour retirer 1m² d’enduit), avant de creuser jusqu’au puis entre les pierres avec un burin pointerolle.
Dans tous les cas, piquer un mur est quelque chose de très accessible (aux hommes comme aux femmes), ne nécessitant pas une force physique exceptionnelle, pouvant débuter/s’arrêter très rapidement (il suffit de prendre un burin et un maillet). A ce titre, il est très adéquat de placer les travaux de piquage entre d’autres activités dont les contraintes (préparation, timing, ...) ne permettent pas une telle flexibilité. Ainsi, sur notre chantier, nous piquions le mur lorsque nous n’avions "rien à faire" (ex : la peinture séchait dans une pièce, il était trop tard pour attaquer de la plomberie, il manquait quelqu’un pour faire un travail à plusieurs, ...etc...) ; le bouche-trou idéal dans un planning sous hétéroclyte !